Chapitre 9 : Les pires phrases à dire à un nomade digital


Deux mois que nous sommes partis de Montréal.
Deux mois que nous nous baladons avec nos deux valises.
Deux mois que nous sommes, ce qu'on appelle, des nomades digitaux.


« Des nomades ?! Genre, comme les gens du voyage ?
Avec une caravane et tout ? »


Ouais… Non… Pas vraiment. Genre nomade quoi. Nous n'avons plus vraiment de chez nous. Je sais, c'est compliqué à visualiser. J'ai encore du mal à le comprendre moi-même. Mais pour schématiser, nous faisons presque comme tout le monde, nous avons une routine du type métro-boulot-dodo, sauf que le boulot, c'est sur nos ordis, et le métro-dodo, c'est dans un lieu qui peut changer du jour au lendemain.

Je préfère mettre les choses au clair. Ça m'aide aussi à me rassurer personnellement. Parce que vu de l'extérieur, ça peut donner l'impression que nous occupons nos journées en bouffant de bons produits locaux, et en matant des vidéos Youtube. Ce qui n'est absolument pas le cas, car en vérité, Sébastien mate des vidéos Youtube pendant que moi, je mange des produits locaux… Mais ne soyons pas tatillons.

Et puis non, je ne suis pas parano. Je pense sincèrement que beaucoup s'imaginent que nous avons trouvé une faille dans le système. Que nos comptes en banque se remplissent seuls. Que les Impôts nous ont oubliés parce qu'on est parti loin, loin… Que nous avons bénéficié d'une erreur de la banque en notre faveur, que nous sommes passés par la case départ et que nous avons touché 20000$. Mais je vous assure, nous n'avons pas trouvé de stratagème illégal et surtout, personne ne nous a oublié. Ni les banquiers ni les impôts ! Et même carrément pas…


« Mais non, personne ne vous voit comme ça ! Tu exagères... »


Pourtant, cela fait à peine quelques semaines que nous pouvons nous ravir d'être des nomades digitaux, et je ne pourrais déjà plus compter sur les doigts d'une main tous ceux qui n'ont pas compris comment il était possible de travailler et de gagner de l'argent, sans être toujours au même endroit.

Je pourrais même lister les pires phrases auxquelles nous avons eu droit. Heureusement, lorsque je prends du recul, je les trouve plutôt drôles… Disons que les deux premières fois, je me sentais vexé d'être considéré comme un hippie qui vit aux crochets de la société et non pas comme le bobo nomade dont je souhaitais dégager l'image ! Mais maintenant, ça me fait rire, car je comprends que l'idée même de nomade digital a encore du chemin à faire dans l'esprit des gens. Et dans le mien aussi, finalement.

Bon allez, pour le fun, je vous les liste quand même !


Les 7 pires phrases à dire à un nomade digital


Alors, comment se passent tes vacances ?
Ma réponse : « Et bien, je te le dirai quand j'y serai... »

Ah, mais c'est chiant, t'as toujours besoin d'Internet...
Ma réponse : « Ouais, au même titre qu'un agriculteur a besoin de son tracteur, ou qu'un cuisinier a besoin d'un couteau… C'est pas mal plus simple que La Poste en fait...»

De toute façon tu n'as pas grand-chose à faire de ta journée…
Ma réponse : « Non, t'as raison. Mon occupation principale, c'est de glander devant la télé, bouffer des chips, et chier des lingots d'or que je revends sur le Web pour me faire un peu de fric. »

Et tu ne t'ennuies pas trop ?
Ma réponse : « Non, absolument pas ! Les programmes télé sont différents dans chaque pays ! »

Un mois à [nom de ville] ? Mais tu vas y faire quoi ?!?
Ma réponse : « Je sais pas exactement. Mais d'après mes recherches sur Wikipédia, y'a quelques centaines de milliers de personnes qui habitent ici toute l'année, et apparemment, ils n'ont pas l'air de se faire trop chier. Je pense que je vais trouver de quoi m'occuper. »

Un mois à [nom de ville] ? Tu auras le temps de voir tous les musées et les monuments !
Ma réponse : « Oui bien sûr ! Un par jour, après avoir chié le lingot d'or. »

Alors, tu as pris une année sabbatique ?
Ma réponse : « Je suis nomade digital. Pas un rentier. Pas un gagnant du loto. Pas un fils à papa. En deux mots : je bosse. » ;-)

LIRE LA SUITE ==> Chapitre 10 : Bangkok, le premier test

Auteur : Julien Valat

2 commentaires:

  1. Haha, je suis morte de rire parce que c'est tellement vrai. La question "alors, c'est bien les vacances?" m'a tellement énervée un nombre incalculable de fois...! Merci merci merci, ça fait du bien :D

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    1. :D Récemment on a eu la version simplifiée, on nous a dit « Bon, et bien, bonne vacances ! ». Alors qu'on avait passé un quart d'heure à expliquer notre projet :D :D

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